mercredi 2 mai 2012

Une note en bas de page à l'Alerte de Cattenoz

tout d’abord la liberté d’un jeune est en devenir, il convient d’abord d’éduquer la liberté*


Quand à la liberté de choisir sa moitié pour la vie, c'est mal dit. Quand à la liberté de gerer une entreprise sur des bases commerciales et donc compliquées, c'est bien dit mais mal à propos quand à beaucoup de jeunes dont le futur ne dépendra pas de leur propre gestion d'une entreprise. Mais le mariage est une question de goût: est-ce qu'on aimerait vivre sa vie à côté de telle autre personne, oui ou non? Si la bonne réponse est oui, il n'est normalement pas prudent de faire non. Si la bonne réponse est non, il n'est normalement pas prudent de faire oui.

On est donc à la fois contre le mariage forcé et le mariage inhibé par force. Par contre, la gestion d'une entreprise dépend d'un tas de facteurs souvent imprévisibles pour les non-expériencés que sont les jeunes.

Donc, l'église a depuis des siècles et millénaires (car les Juifs préchrétiens et les Romains préchrétiens étaient essentiellement d'accord) accordé aux jeunes de se marier dès qu'ils sont pubères à moins qu'il y ait un autre impédiment, c'est à dire, il ne s'agit pas de l'age individuelle de puberté, qui varie entre 9 et 18 pour les deux sexes, mais l'age moyen, qui est de 14 pour les garçons et 12 pour les filles. Par contre, la gestion d'une entreprise n'est pas requise pour qu'un garçon puisse se marier, il peut bien commencer son mariage comme employé de quelqu'un d'autre ou, en cas exceptionnels, gerer une entreprise sous la surveillance de ses parents (par exemple pour artistes ou pour le service de pâtre les brebis ou les chèvres du village).

Dire que la liberté d'un jeune est une liberté en devenir qu'il convient d'abord à éduquer est trop reposer sur l'éducation et trop peu sur la nature individuelle typique (les deux bien distinctes de la grace sanctifiante, bien entendu!) ce qui fait injure à Dieu notre créateur et ce qui exaggère le poids du péché originel. Ensuite, en limitant socialement la liberté des jeunes, ça tend à atrophier leur liberté intérieure de les mettre sous un dictat "d'éducation d'abord" quand le temps de l'éducation (tout au moins de cette éducation qui est d'abord plutôt que dedans) est naturellement fini pour une matière, par exemple la sexualité.

Quoi est-ce qu'un évêque doit alors mettre tout d'abord contre un propos de contraception gratuite et anonyme? Que la contraception est un péché et à la fois un désastre pour la société, biensûr! Et ensuite que les jeunes parmi ceux - hélas la majorité même peut-être à la campagne - qui ne peuvent encore pas se marier ne doivent pas être mis dans une situation qui les pousse "à vivre une sexualité débridée" - Pape Pie XI avait par exemple nommé la coéducation des sexes parmi les fausses pistes dans les projets d'éducation publique, je crois que l'encyclique s'appelle Divini Illius Magistri. On peut ajouter les discos. On peut ajouter certaines livres même au curriculum. Et certains professeurs.

Je ne m'oppose nullement aux consignes de ne pas voter Hollande (ce qui n'est pas une consigne de voter Sarkozy, on peut espérer que d'autres le font ou qu'il y aura une restauration, mais ça c'est autre chose), mais je n'aime pas que Cattenoz se montre moderniste même au moment de rappeler un devoir qui en soi ne l'est pas. À part ça, l'Alerte de Cattenoz est assez lisible.

Hans-Georg Lundahl
Château-d'Eau
2-V-2012

*diocese-avignon.fr/spip/Alerte-Principes-non-negociables

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