lundi 6 décembre 2010

Tolkien ésotérique? Je pense que non.

Le monde légendaire de Tolkien, Marc-Louis Questin

Voyage au cœur du fantastique.

C'est l'un des plus grands romans initiatiques du XXème siècle, un classique de la littérature ésotérique. Dès sa parution, cette majestueuse épopée eut ses adeptes qui surent en percer, derrière l'inventivité et le talent du conteur, les messages symboliques cachés. Il faut savoir que J. R. R. Tolkien (1892-1973) était un éminent professeur d'Oxford, spécialiste de la littérature médiévale, anglo-saxonne et nordique. Il mit dix-huit ans à rédiger son chef d'œuvre, Le Seigneur des Anneaux, paru en 1954. Le livre se révéla rapidement au grand public et sortit du cercle d'initiés qui en avaient fait leur ouvrage de référence. Le succès suivit et le roman, traduit en dix langues, fut vendu à des millions d'exemplaires. Le Seigneur des Anneaux devint véritablement un livre culte. Déjà sujet d'un dessin animé, il fait aujourd'hui l'objet d'un film.

Tolkien a écrit un « livre-enseignement » qui autorise différents types de lecture et s'adresse à différentes strates de lecteurs (de l'enfant à l'adulte). Il s'agit d'un enseignement spirituel et éthique. Les valeurs de la chevalerie médiévale y sont à l'honneur. De même que la symbolique de l'anneau, par nature féminine, ouvre la voie de la sagesse. Le côté intemporel de l'aventure débouche sur la vision d'un autre monde, proche parfois de celui de Lewis Caroll, imaginaire certes, mais rempli de réflexions sur la mort et l'immortalité. La vision écpar l'anticléricalisme et ologique s'accompagne d'un retour constant à la lutte entre les forces du Bien et du Mal. Si les premières triomphent, les forces noires, quant à elles, demeurent toujours présentes dans l'arrière-scène.

Avec cet ouvrage critique le lecteur pénètre dans l'univers de Tolkien et remonte aux sources qui ont inspiré l'écriture de son « ouvrage mythique ».

Réf. DG 8777 - 301 pages - Broché - Éditeur : Trajectoire - Isbn 2.84197.198.8 – 2001


Ce livre là a été une des clefs pour tamponner Tolkien comme ésotérique, et par extension ses admirateurs (dont Mgr Williamson) aussi. Ceci dans un article par l'Abbé Michel Marchiset, publié en "Virgo Maria".

Pour qui veut comprendre la mentalité de l'auteur du Seigneur des Anneaux et de Silmarillion, il y a une voie beaucoup plus sûre que de fouillir un livre par un ésotérique admiratif. Par exemple de fouillir ses propres œuvres de non-fiction. Il y en a. Il y a ses essais sur la langue galloise (une), sur Beowulf (deux, un de critique du poëme, un sur les conseils à donner aux traducteurs), sur les contes de fées (un essai en plusieurs chapîtres, et deux fictions - pas en "terre de milieu" - sur les mortels en faërie et une allégorie sur l'artiste et sur ses manques de charité envers les autres et leur manque de compréhension avant que ne soit fini l'œuvre). Il y a aussi ses lettres, un extrait de sa correspondance. On y apprend qu'il n'aimait pas le racisme des censeurs allemands et qu'il détestait Hitler. Ou qu'il était contre les prétentions de l'ONU de faire tout le monde par tout le monde pareils. Ou qu'il avait ses critiques vis-à-vis la papauté et une grande dévotion aux Saint-Sacrement qui contrebalançait chaque autre aspect (y compris la nouvelle liturgie). Et à la Sainte Vierge. Il croyait son curé ou un prêtre invité sur les miracles de Lourdes. Il trouvait que la cause de droite dans la Guerre d'Espagne était dans le bon droit, quoique pas à faire des atrocités, dont il reconnait la réalité. Il n'était pas aveugle à la possibilité que des actes de vraie valeur et sacrifice étaient là sur la cause de gauche. Il pensait que ça ne changeait en rien le fait que la gauche était la côté aggressive qui avait tort et qui attaquait des moniales. Loin d'être gnostique, il regrettait que les conventions de l'amour courtois faisaient penser aux hommes que la femme était une statue de marbre sans fomes peccati et qui n'aurait pas besoin de la dette matrimoniale (après le mariage) ou qui pouvait attendre indéfinément jusqu'au mariage. "Never let a lady wait" disait-il à son fils Michael. Il était par son curé convaincu que Pie XII aurait permi de croire Adam évolué d'ancêtres non humains quand au corps, mais pas quand à l'âme (ce qui m'a mis il y a quelque temps en colère avec Pie XII comme séducteur de Tolkien).

Pour qui a lu son œuvre, il ressort qu'il avait une grande méfiance vis-à-vis des mortels qui font des études à proprement dire ésotériques. Gandalf n'est pas un prof de Poudlard, c'est un être angélique (comme il a aussi expliqué dans un lettre) qu'il avait mis en scène comme ayant "assumé un corps" comme le dirait St Thomas (comme Rafaël dans le livre de Tobit, par exemple). Dénéthor qui fait trop de démonologie ou études magiques en étant mortel finit mal.

Les elfes sont bien-sûr chez lui une quasi-humanité sans le péché originel, quoique pas impeccable à titre individuel ou familial ou tribal. Mais il est - dans ses lettres - très stricte sur le fait que les elfes dans ses œuvres sont son imagination, quasiment sa construction. Vu que les derniers elfes quittent la Terre du Milieu bien avant notre ère, il prend souci d'harmoniser sa fiction avec le mot de Pie XII selon lequel des hommes pré-adamites ne sont pas là sur la terre (le pape n'avait pas précisé qu'ils n'avaient jamais été là).

Hans-Georg Lundahl
Mairie de III
St Nicolas de l'Avent vers MMXI
soit 6/XII/2010 en civil

Une chose, il ressort que Tolkien pensait que des payens vertueuex qui ne connaissaient pas la vérité chrétienne pouvaient aller au paradis (Beowulf, the Monsters and the Critics).