lundi 20 décembre 2010

Obligation scolaire pénalisant les studieux

PRÉSENT, samedi, précise qu'il y a des élèves tellement désaffectés des sujets scolaires, que pas seulement ils refusent d'étudier, en plus ils bizutent ceux qui le veulent comme "collabos".

D'abord: je confirme. En ma classe, quand j'avais onze ou douze ou treize, le mot n'était pas collabo, le mot était "plugghest"1 - "cheval d'études". Ceci fut proféré pas par un nul - il avait comme moi choisi le français et il est couturier assez réussi - mais par quelqu'un qui lui-même étudiait pas mal.2

Ensuite: que faire des gens qui détestent les études?

Les coloniser? "Les espagnols vont nous considérer comme civilisés quand nous porteront chaussures au lieu de pampouches" disait un vieil homme à un jeune officier sur le Rif pas mal connu par moi et d'autres droitistes. Devenu Caudillo, il a contribué à décoloniser le Maroc, dont le Rif faisait parti. Les rifains n'étaient déjà plus pirates esclavagistes sous les ottomans.

Quand même il y en a parmi ceux qui réfléchissent sur le problème de désaffection scolaire qui sont prêts à investir de plus en plus de force répressive contre les élèves désaffectés pour les maintenir dans l'école et les forcer à apprendre au moins quelque chose dedans. Ne fut-ce que "le respect de l'autorité". Avec ces gens là, je n'ai jamais été collabo.

Car j'ai la conviction que les matières scolaires ne conviennent vraiment pas à tout le monde. C S Lewis (auteur du Monde de Narnia) ricanait T S Elliot pour le fait d'écrir des poëmes sur des thèmes non poëtiques. Fort bien, mais CSL a lui-même écrit un poëme uniquement didactique sur le développement du vocalisme proto-germanique dans le vieil-anglais, aussi connu comme l'anglo-saxon:

... au and eu and iu
through all whose fates I now will see you ...


Ça, c'est du vrai amour pour la grammaire et pour l'érudition. Il voulait l'imposer à tout jeune anglais? Mais non. Son autobiographie (Surprised by Joy) nous donne à voir qu'il n'était joyeux comme élève qu'après avoir quitté l'école logé où il étudiait. Il n'aimait pas les voyelles anglosaxonnes puisque prétendument plus sacrés que les voyelles latins, mais puisque intéressants en soi. Et même pour le latin, il n'aurait pas voulu l'imposer aux ploucs, il était bien content de le voir comme parti des études pour les prêtres et les juristes et les médecins, mais pas pour tous les autres. Dans les livres - ça a été rayé par les filmatiseurs - les Rois et Reines de Narnia décrètent que personne soit obligé d'aller à l'école qui ne le voulait pas.

Et si quelqu'un n'arrive "même pas" à réussir comme élève ... n'est il pas voué à l'échec en tous les sphères? Je ne le crois pas. Il y a des gens qui détestent Voltaire et de Sades (peut-être une préférence raisonnable), qui n'ont rien entendu de Fénélon et Bossuet (il y a quand même une certaine laïcité pas si légitime que ça dans l'école) et qui sont trop macho pour goûter au Petit Nicolas ou au Petit Prince (les convertir en As d'études ne va pas forcément les guérir de ce mépris). Et qui pourraient faire bon service dans la boutique de leur oncle ou qui sauraient faire du macramé (chose que je respecte, et chose orientale) ou en cueillettes (chose que je ne fais même pas bien, et que je respecte).

Sous les rois, l'école était parfois gratuite, jamais obligatoire contre la volonté des parents. Quelque chose à méditer?

Hans-Georg Lundahl
Georges Pompidou
20/XII/2010

1Dans l'orthographe moderne "plugghäst". Pour è bref, malheureusement ä a remplacé e dans l'orthographe suédoise. Il y en avait des ä avant, mais seulement par étymologie en ä longue (ê), en a ou en å (au).
2Je n'avais pas un seul immigré dans la classe. Quand j'ai eu une fille de Yougoslavie de l'époque, qui étudiait une langue serbocroate à quelques heures par semaine elle n'était pas barbare du tout, et son suédois était soigné.

5 commentaires:

HGL a dit…

Sujets touchés en passant: Jihad/Musulmans - CSL - Fr. Franco, el Caudillo

Hans Georg Lundahl a dit…

Quand à mon patriotisme, je suis plus fier d'être compatriote de Dag Norberg, qui date la langue française à 813, comme la première occasion qu'elle fut reconnu comme autre que le latin, que de l'être de Dag Hammarsköld (quelque chose avec ONU) ....

Merci à Bernard Cerquiglini pour me l'avoir noté sur p. 36 "La Naissance du Français" (coll. Que Sais-je?)

HGL a dit…

Et parmi les pacifiques à l'école il y en a qui le sont plutôt par leur patriotisme que par une vraie préférence pour Camus devant les récettes avec foie et vin blanc par exemple.

HGL a dit…

Et parmi les pacifiques à l'école il y en a qui le sont plutôt par leur patriotisme que par une vraie préférence pour Camus devant les récettes avec foie et vin blanc par exemple.

Anonyme a dit…

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