mardi 17 avril 2012

Amicabilité, apologétique

M. l'Abbé Chautard vient d'écrire sur l'amicabilité. M. l'abbé chez les sédisvacantistes vient d'aborder l'apologétique dans sa prêche du dimanche.

L'amicabilité n'est pas l'amitié, mais elle y a une rélation, non d'opposition diamétrale, mais de puissance et d'acte, comme diraient les scholastiques ou de potentiel et potentiel réalisé comme "on" dit aujourd'hui. Donc, certaines choses qui sont vraies sur l'amicabilité le sont de plus forte raison sur l'amitié.

Il y a aussi une rélation entre amicabilité et apologétique: les deux sont rélatées à la justice. L'amicabilité est un du envers le prochain. La vérité l'est aussi. Attention, dans les deux cas il s'agit du prochain innocent. Un policier n'a pas à montrer la parfaite amicabilité envers un Merah ou un Breivik qu'il a à montrer envers ses proches, ou encore envers les deux parties en cas de juger dans un litige sur la présence dans un immeuble d'un sdf, insouhaitée par le seul homme, peu amicable de l'immeuble, qui appelle finalement la police. Un citoyen n'est pas obligé à la même véracité portes pleines ouvertes envers un psychiatre qui convoitise ses libertés pour avoir un profit professionnel en les confiscant qu'il est obligé d'avoir dans une libre discussion.

Il y a aussi un point en commun entre amicabilité et apologétique en ceci: tournées envers d'autres compléments d'objets indirectes, elles se réalisent en autres compléments d'objets directes. S'asseoir sur un endroit qui n'est pas une chaise, ni une banque, ça donne un effet très différent dans une compagnie des scouts dans le forêt, et dans un salon plein de chaises vides. Mais ça donne aussi dans la rue d'une ville où l'on ne trouve pas tous les jours une chaise confortable bien abrité un effet différent selon la compagnie dans laquelle on se trouve.

Si je voudrais convaincre un homme de la vérité du christianisme catholique, tandis qu'il est imbu des 15 milliards d'années depuis le Big Bang, les 4-5 milliards d'années depuis une terre informe, tournant ensuite autour du soleil, des 3 milliards d'années depuis les premiers êtres vivants, ou peut-être pluricellulaires, des 60 millions d'années depuis T Rex, des 20 millions d'années depuis Ramapithecus, les 4 millions d'années depuis Lucy ... vous connaissez peut-être cette histoire autant que moi? ... alors, il y a une divergence selon ce qu'on est d'accord avec lui ou non, mais si l'on ne l'est pas, il y a d'autres personnes à cibler avec l'apologétique: celui qui y croit aussi mais qui n'en est pas trop imbu pour prendre une discussion sur l'héliocentrisme et darwinisme ou encore celui qui appartient à une religion fausse ou incomplête mais qui est déjà créationniste.

Et si l'interlocuteur appartient à quelque loge ésotérique, ou encore athée classique mais plutôt branché sur les sciences humaines, alors l'approche idéal pour lui serait encore une autre. C. S. Lewis avait un ami qui était théosophe, il était aussi ami de son propre passé comme athée - un athéisme qui comptait certes sur le scénario cosmo-biologique déjà donné (qu'il a décrit comme "évolutionnisme" et "un grand mythe" sans en prendre les distances définitives, puisque sa confession anglicaine avait une latitude même favorable à ces erreurs) - mais en même temps se bâtit surtout sur un autre évolutionnisme (aussi parti du "grand mythe"): l'évolution de polythéisme et mythe à la base de rituel devenu inexplicable hérité des âges encore plus farouches quand le rituel correspondait à une croyance devenue par l'évolution des moeurs inacceptable, donc à remplacer par un nouveau mythe. En somme, il argumentait surtout contre les athées tel que James George Frazer ou son héritière contemporaine Acharya Sanning.* Et dans cette perspective se posait aussi une confiance totale dans le chercheur de la haute critique qui trouvait que la théologie du Pentateuque était trop avancée pour les temps ou pour les temps allégués de Moïse, ainsi que le Nouveau Testament devrait être posé comme ayant été écrit après que la communauté chrétienne aurait évolvé en une croyant désormais dans une résurrection de la chair du Christ, déjà témoigné par les yeux et oreilles des apôtres, et par les doigts d'un apôtre. Tandis que les textes que nous avons avec les auteurs qu'ils sont censés avoir nous donnent à ce sujet que cette "croyance" ou plutôt ce témoignage était là du début.

Il importe que ces mêmes professeurs d'Ecriture Sainte, pour la même raison, soient instruits et exercés dans la science de la vraie critique : par malheur, en effet, et pour le grand dommage de la religion, a paru un système qui se pare du nom honorable de " haute critique ", et dont les disciples affirment que l'origine, l'intégrité, l'autorité de tout livre ressortent, comme ils disent, des seuls caractères intrinsèques. Au contraire, il est évident que lorsqu'il s'agit d'une question historique, de l'origine et de la conservation de n'importe quel ouvrage, les témoignages historiques ont plus de valeur que tous les autres, que ce sont ceux-ci qu'il faut rechercher et examiner avec le plus de soin.

Quant aux caractères intrinsèques, ils sont la plupart du temps bien moins importants, de telle sorte qu'on ne peut guère les invoquer que pour confirmer la thèse. Si l'on agit autrement, il en résultera de grands inconvénients.


C. S. Lewis ne dit rien d'autre dans son essai "Fernseeds and Elephants". En plus il le dit bien.

J'aurais pu rester dans la High Church suédoise, assez proche de celle des anglicains, assez proche de C. S. Lewis, si ce n'était pas pour deux choses: mon créationnisme m'ayant accoutumé à prendre les mots de la Bible à la lettre, j'avais horreur d'entendre d'un-tel dire que "puisque le mot hébreu 'être' ne s'utilise pas, Notre Seigneur ne l'a pas utilisé, donc on ne pourrait pas affirmer qu'il ait dit 'ceci est mon corps' mais pouvait et devait entendre les mots autrement". Si je n'avais rien contre l'écuménisme fait envers les catholiques, j'avais horreur de l'écuménisme envers les disciples de Zwingle et Calvin. L'argument que je viens de citer est d'ailleurs celui de Zwingle, et pas du tout de Luther. En plus il est d'une naïveté linguistique époustouflante. Que la copule logique soit exprimée par un verbe dans une langue ou la juxtaposition de deux phrases nominales n'a rien à voir avec dans ce deuxième cas une absence du concepte. La raison humaine ne se passe pas de la copule, donc la juxtaposition de deux phrases nominales a exactement la même valeur dans une langue qui exprime la copule par juxtaposition qu'a dans notre langue leur position sur les deux côtés du verbe être.

L'autre chose était mon affection pour mon âge puéril à Vienne en Autriche. Et l'aversion que j'avais pris là-bas envers l'anticatholicisme intransigeant et - comme je découvrit déjà à l'époque - malhonnête dans la lecture biblique, qu'avait ce que je prenais pour l'orthodoxie protestante. Une salvationniste m'a donné le livre "Sieben Sekten" qui énumère Luthériens et Zwingliens allègrement dans la même vraie chrétienneté, mais met le Catholicisme au niveau des Témoins ou des Septième Jour ou Mormons. Sans faire attention au fait que Charles Taze Russell et Joseph Smith avaient quitté le Protestantisme, mais en 1517 ce n'est pas Pie V et Torquémada qui quittent la doctrine luthérienne auparavent universelle, c'est au contraire Luther et Zwingle qui quittent le Catholicisme, sans pourtant devenir ce qu'on appelle aujourd'hui Orthodoxes.

Sans faire attention aux faits quantitatives non plus, où là où le quantitatif devient social. Si le Catholicisme est chrétien, les Apôtres ont fait des disciples de toutes les nations, assez vite. Si le russellisme est chrétien, ils ont tardé environ deux millénaires de faire disciples des gens de toutes les nations. Or, les Bibles que j'avais à l'époque s'accordaient assez bien sur les mots "faites disciples de toutes les nations". Le fait qu'un citoyen ne pouvait pas être autre qu'un catholique me dérangeait pas. Les hérétiques brûlés sur le bûcher si - jusqu'à ce que je découvre, à l'âge de 16 - que les victimes typiques des bûchers n'étaint nullement des Ste Jeanne d'Arc sauf en Protestante, on ne brûlait par example pas les Albigeois pour avoir cru les trois premiers chapîtres de la Genèse à la lettre. On les brûlait pour les avoir nié, pour avoir identifié la création matérielle avec la chute. C'est là que je décide de me convertir.

Une conversion comme la mienne n'allait certes pas entrainer toutes les conversions de toutes les personnes que M. l'Abbé Chautard aurait d'avantage aimé que je convertisse que celles qui se sont peut-être convertis à cause de mes mots. En amicabilité comme en apologétique, il y a la place pour diversité. Au lieu de se chagriner pour le fait que tel grincheux avec beaucoup d'argent me trouve inamicable et donc surtout pas apte à l'apologétique, il aurait pu se réjouir que derrière ce grincheux, pour qu'il se prenne l'effort de se plaindre de moi, il doit y avoir pas mal - parmi les jeunes de sa famille ou des autres - qui me trouvaient amicable et cohérent dans ma pensée. Qui s'interessaient de lire mes écrits sur MSN Group Antimodernism - décédé par décision de Bill Gates en février 2009, mais l'origine de mes blogs.

Biensûr, il peut y avoir aussi parmi ces jeunes des gens qui me voudraient valoriser comme icône révolutionnaire. Et ça marche mieux si je ne fais pas trop d'amitiés parmi les jeunes catholiques, surtout traditionnels, et si mes blogs sont moins lus que ma personne connue comme celle de John Jacob Jingleheimer Schmidt.

En somme: ce n'est ni à M. l'Abbé Chautard, ni à l'autre abbé sédisvacantiste de savoir mieux que moi-même envers qui je dois avoir le plus d'amicabilité ou encore le plus de crédibilité apologétique. Et ce n'est ni à l'un ni à l'autre de m'exclure des amitiés que je convoitise parce que je suis socialement bobo ou - après tellement de chagrins - selon certains suranné pour ça. Si ni l'un ni l'autre trouve mes écrits apologétiques utiles, ce n'est ni à l'un ni à l'autre de me dire de devenir moine ou prendre un "petit boulot" (plutôt "gros boulot, peu de sous"), puisque je compose également de la musique, et puisque mes conditions pour utiliser même mes essais apologétiques n'excluent pas qu'ils soient valorisés par quelqu'un d'autre que quelqu'un qui est prêtre de ma confession.**

Il y a une chose qui heurte les convenances plus que d'être bobo: c'est prendre un homme agé de 43 et le traiter, je ne dis pas comme on doit traiter les adolescents, puisque je ne trouve même pas les adolescents aptes à souffrir les indignités qu'on m'a fait, mais comme actuellemnt on traite trop souvent les adolescents.

Hans-Georg Lundahl
Mairie de BB
17 avril 2012 ou
Mardi après Quasimodogeniti

*C'est drôle qu'elle a choisi un pseudonyme dont le deuxième mot égale "vérité" en norvégien et en suédois.
**Conditions pour mes écrits: http://shrt.st/ui1, et pour mes compositions musicales: http://shrt.st/ui2. Et puisque je viens d'envoyer ceci à un droitiste malhonnête, un antimaçon de méthodes maçonniques, le site abrégeur des url qu'est shrt.st vient de s'éteindre (espérons qu'il récupère), entretemps:

shrt.st/ui2
correspond à
What's the deal? C'est quoi ce truc?
hglundahlsmusik.blogspot.fr/2008/11/whats-deal-cest-quoi-ce-truc.html


shrt.st/ui1
correspond à
Conditions d'utilisations ultérieures
hglundahlsblog.blogspot.fr/2008/03/de-retour.html#conditions

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