2) Ils écrivent tous deux:
"...L'Eglise assyrienne de l'Orient prie la Vierge Marie en tant que 'Mère du Christ notre Dieu et Sauveur'. A la lumière de cette même foi, la tradition catholique s'adresse à la Vierge Marie comme 'Mère de Dieu' et également comme 'Mère du Christ'. Les uns et les autres nous reconnaissons la légitimité et l'exactitude de ces expressions de la même foi et nous respectons la préférence de chaque Eglise dans sa vie liturgique et sa piété".
En un mot, Mar Dinkha et ses fidèles pourront légitimement se refuser à donner à la Vierge Marie le glorieux titre de Mère de Dieu.
Mais, est-ce qu'il le lui refuse à elle? Refusent-ils aussi le titre Mère du Sauveur? Si selon eux le titre liturgique complet est 'Mère du Christ notre Dieu et Sauveur' - où est le refus?
Et Nestorius était-il vraiment hérétique, ou victime d'une injustice, d'un excès de zèle de la part de saints portés aux excommunications et aux "formules" dogmatiques?
Il m'est arrivé à connaissance qu'il y a un livre selon lequel Nestorius illico après le Concile d'Ephèse s'est retiré à un monastère. Ensuite, après le Concil de Calcédoine (que les monophysites expugnent, rappelons-le, précisement comme une infidélité à celui d'Ephèse) il sort en disant, c'est ceci que j'ai voulu exprimer. Hérétique ou non dans sa première approche, au moins il ne s'y obstine pas.
Si c'est exacte, il lui serait arrivé la même chose à peu près qu'ensuite à Eutychès, de s'exprimer mal. Eutychès a en effet accepté l'autre nature de la deuxième personne aussi en la confessant: "homoousios te metri."
Observons que l'exclusion des autres positions comme hérétiques entre les trois parties nestoriennes, monophysites et calcédoniennes, quoique Rome condamna le II Concile d'Ephèse, n'est pas typique pour la vie de l'Église de l'Occident du Moyen Âge, mais plutôt de l'Orient.
Cet été, un pauvre chrétien de soixantequinze ans, Marcel Junin, enseignant à la retraite, a été dénoncé par la Licra (Ligue contre le racisme et l'antisémitisme). Quelle est sa faute? Avoir écrit une lettre à un quotidien local (Sud-Ouest 6/07/1994). Dans celle-ci, après s'être déclaré "spirituellement sémite" (selon le mot célèbre de Pie XI) et avoir précisé n'avoir aucun préjugé racial, l'ex-professeur intervenait au sujet d'une conférence de l'archevêque de Bordeaux Mgr Eyt, prononcée le 13 juin et intitulée: "Qui a tué Jésus?". Pour le prélat la réponse était évidente: les romains. Le retraité répondait en citant l'Evangile de St Matthieu là où sont bien mises en évidence d'autres responsabilités. Le Grand Rabbin de Bordeaux, Claude Maman lui répondit le 11 juillet sur le même journal, écrivant entre autres: la lettre de Mr Junin "constitue une incitation à la haine raciale et le retour à un antisémitisme d'origine religieuse, dont le peuple juif a trop souffert (…) en ce qui concerne le procès de Jésus je tiens à préciser que de nombreux théologiens, et non des moindres, appartenant au catholicisme se sont penchés sur tant d'invraisemblances, d'obscurités et d'erreurs qui ont entouré ce procès (…).
Arretons-nous là, d'abord - "tant d'invraisemblances et c." Tel était le célèbre argument de Faurisson en tant que critique textuel (le début de son activité comme révisionniste). Pour moi il est évident que beaucoup de ces invraisemblances ne le sont qu'en apparence. Et la précocité sexuelle de l'Anne Frank n'en est peut-être pas: quoique ce ne sont pas les meurs que j'aimerais chez mes filles pendant des années avant le mariage. La situation globale, il semble très possible que les bourgeois de cette ville hollandaise aimaient saboter la politique de persécution tant que la fille était juste une mignonne enfant (les hollandais pensent que maturité sexuelle, c'est 18), mais ils ont très bien pu trahir la famille dès qu'elle entrait en rivalité avec telle autre fille locale.
Bien, il serait pas mal de jeter un oeil sur cette critique de l'Évangile pour le refuter.
Nous tenons à témoigner toute notre sympathie et notre amitié à Mgr Eyt, archevêque de Bordeaux, qui dans la droite ligne des décisions de Vatican II en 1965, a eu le courage et le grand mérite de rétablir la vérité (…)".
Laquelle? On sait bien quoi est la vérité, et un Catholique sait que le recit en question est véridique - la vérité rétablie par Mgr Eyt, est-elle en contradiction avec celle-ci ou non? En plus: se tient-elle en ligne avec les Pères de L'Église (rappelons le Concile de Trente) ou non?
Il est malheureusement très probable que ce n'est pas le cas.
C'est donc pour avoir cité l'Evangile qu'un chrétien a été dénoncé et sera jugé le 21 octobre par le tribunal de Cahors par les émules des "chers amis" de Jean-Paul II, justement celui qui aurait dû être en première ligne pour défendre Mr Junin et l'historicité des Evangiles.
Notons deux choses: Mr Junin n'a pas été condamné. La Licra n'a pas eu gain de cause. (Autrement Sodalitium l'aurait écrit!) C'est d'ailleurs à peu près quand des activistes de la Licra lapident Faurisson que pour la première fois dans ma vie - auparavant chrétienne et judéophile à la fois - je me pose la question si le Judaïsme d'aujourd'hui (chronologiquement différent de celui des persécueteurs de Notre Seigner et de l'Église Primitive) serait identique dans sa haine du Christianisme et des Chrétiens. Pour ce qu'il y a de leur traitement de Faurrisson et de Junin, la réponse semble être assez sombre. Pourtant, la Licra et A.D.L., pour émules qu'elles soient, ne sont pas identiques, et c'est celle-ci que Jean-Paul II a reçu au Vatican, et non la Licra.
Ici Karol Wojtyla rappelle, en passant, la "vieille" conception de la famille. C'est l'unique fois qu'il le fera. L'Eglise rappelle que, par nature, l'homme est, selon la célèbre expression d'Aristote, un "animal social", ordonné à vivre en société. Que, toujours par nature, il tend à établir une union permanente entre un homme et une femme pour la propagation du genre humain (et c'est le mariage et sa fin première, la génération des enfants). Que, naturellement, de la société conjugale dérive la société parentale, ou famille, qui est le fondement de la société civile elle-même, qui n'est rien d'autre que l'union de plusieurs familles pour réaliser le bien commun (Cf. par exemple: Victor Cathrein SJ, Philosophia Moralis, Herder, nn° 512 ss. et 551 ss.). Tout le récent magistère pontifical l'a continuellement répété; il suffit de consulter, même distraitement, le recueil des Enseignements Pontificaux édité par les moines de Solesmes. Jean-Paul II le sait et, explicitement, ne le nie pas.
Il le sait et explicitement il ne le nie pas? Voyons donc, s'il le niera par implication?
"La famille a toujours été considérée comme l'expression première et fondamentale de la nature sociale de l'homme. En substance, cette conception n'a pas changé, pas même aujourd'hui" (n° 7).
Même, "en substance" ce serait encore ainsi (nous voudrions savoir ce qu'il considère accidentel et, donc, changé, étant donné que la nature humaine ne change pas). Mais cette stable et objective nature de l'homme, aujourd'hui, n'est plus à la mode. Donc, aujourd'hui, il faut donner une définition (ou mieux, une description) différente de la famille...
S'il avait distingué substance d'une définition de son expression parfois accidentelle? Sans dans une miette attaquer l'identité de la nature humaine en soi-même à travers les siècles? Par exemple par biais d'un âge devenu allergique envers les définitions il aurait du trouver une certaine nécessité de la paraphraser par des descriptions?
... au canon 1013 § 1, où il est dit: "La fin principale du mariage est la procréation et l'éducation des enfants; sa fin secondaire, c'est l'aide mutuelle des époux et l'apaisement de la concupiscence". "Ce canon n'est pas - notez bien - une simple, quoique importante, disposition disciplinaire, mais un véritable principe de doctrine, rappelé par l'infallible magistère de l'Eglise" (P. ALFREDO BOSCHI S.J., Problemi morali del matrimonio, Marietti, Turin, 1953, p. 306). Toutefois, poursuit l'excellent Père Boschi, "la doctrine traditionnelle ne satisfit pas les esprits chercheurs de nouveau et méprisants de l'Ipse dixit, désireux surtout de mettre en relief l'élément psychologique et affectif de la société conjugale qui doit être une pleine communion des âmes entre les deux époux. (...) Ceux-ci se scandalisent presque de la conception canonique du mariage, pour qui suffit à la validité du contrat la donation et l'acceptation perpétuelle et exclusive à l'accomplissement sur leur corps des actes aptes de leur nature à la génération des enfants (can. 1081 § 2).
Fort bien - mais est-ce que le propos de Jean-Paul II est de contredire ce canon et de contredire l'analyse du P. Alfredo Boschi S. J. en se rangeant du côté des gens qui en mettant les accents sur une pleine communion des âmes entre les deux époux méprisent le contrat - ou de leur faire la charité de compréhension et, à partir de leur préoccupation avec la pleine communion des âmes justifier la définition canonique et la finalité procréatrice?
J'ai lu Amour et Responsabilité. C'est un texte fortement poëtique. S'il a pour but de satisfaire la préoccupation avec la communion des âmes, c'est réussi. Par contre, il dit très clairement que cette pleine communion des âmes se brise par sa dénaturation dès qu'on veut exclure les enfants. Il n'y a pas la pleine communion des âmes là où on s'exclut mutuellement comme parents des parents qu'on aura. Il y a dénaturation de la finalité des corps et donc mépris réel du corps et donc une sexualité qui refuse de satisfaire à cette pleine communion des âmes. La sexualité à elle seule, devenue tiède ne la garantit pas. Dans le scénario inverse, on se reconnaîtra mutuellement dans les enfants communs et l'amour se fortifie en proportion. Il récommende d'avoir au moins trois enfants, il ne pose pas de limite principielle, sauf en ce que un ou deux c'est trop peu.
Préoccupation personnelle des gens qui se marient et hiérarchie objective des fins du mariage n'ont pas à coïncider pour que le mariage soit licite, il suffit que le mariage ne soit pas vécu de manière à contredire objectivement la hiérarchie des fins du mariage.
Tout ceci - disent-ils - réduit le mariage à une fonction spécifiquement sexuelle, le découronnant et le dépouillant de sa beauté et spiritualité et le rendant au contraire quelque chose de matériel et presque vulgaire" (pp. 307-308).
Et là précisement ils sont non soutenus mais contredits par Amour et Responsabilité.
Avec des teintes et des modalités assez diverses, en mettant en relief très fort la communauté de vie découlant du mariage, ils arrivèrent aux conclusions suivantes:
- a) L'homme et la femme sont pour se compléter l'un l'autre.
- b) Dans ce mutuel complément personnel des époux à travers la pleine communion de leur vie et activité ou, en d'autres mots, dans le mutuel amour et union des époux favorisés et perfectionnés par l'offrande spirituelle et corporelle (psychique et somatique) de leur personne, consiste la fin première du mariage.
C'est d'ailleurs là qu'ils arrivent à exclure du mariage les homosexuels et à les encourager de s'exclure eux-même du mariage. Le Roi David aimait Jonathan avec plus d'affection que les femmes, mais il réservait certainement ce qu'il fallait aux fins du mariage, donc à ses femmes (il en avait effectivement plusieurs) sans le mettre en un quelconque abus avec Jonathan.
Aujourd'hui une certaine culture - ou contreculture - les aurait encouragé à délaisser le mariage comme, dans ces circonstances peu flatteur des femmes, et de poursuivre l'abus.
Bon, pour moi il y a deux façons d'argumenter contre l'homosexualité, comme on la nomme. Soit on argumente contre la sodomie, ou contre le manque de complémantarité dans l'acte fait pour être, à travers cette complémantarité corporelle, un acte fertil, et celle-là est la bonne, saine et catholique argumentation, soit on argumente contre le manque de complétarité psychologique, et alors on arrive dans les affirmations qui m'ont scandalisé dans le CCC. Il y a des mariages chrétiens entre des êtres psychologiquement androgynes qui n'éprouvent pas le même besoin de complémantarité psychologique, et en plus il y a les paires homosexuels où une complémantarité psychologique s'installe puisque l'un est très virile et l'autre androgyne, ou l'une très androgyne et l'autre très féminine: donc, manque et présence de complémentarité purement psychologique n'est pas du tout un début de la bonne définition délimitative entre l'acte du mariage et l'abusus in coitu (qui existe d'ailleurs aussi en variante hétérosexuelle).
Rappelons, si c'est impossible et contraire à la foi que l'abusus in coitu soit un trait connaturel à telle personne (ce ne sont ni les yeux bleus, ni le pouvoir des muscles, mais une préférence volontaire de la récherche de la communion des âmes plutôt que celle de la fertilité des corps, en pas mal des cas, ou un préjugé soutenu depuis quelque malheur de jeunesse), l'androgyinité et son contraire typicité pour son sexe, le peuvent. Il me semble qu'il y ait eu un roi écossais du XIV S. ou du XV, qui a légué une androgynité à Jacques VI et I: mais si celui-ci est devenu sodomite aussi (il a des ennemis qui l'affirment ou qui l'ont affirmé), c'est probablement à cause de l'entourage très machiste. La Renaissance était plus machiste et aussi plus prône à sodomie que le Moyen Âge. Mais même lui était capable à un mariage, comme aussi le maître de ses maîtres, Jean Calvin. Moins calvinistes et nécessitistes en celà que le texte qui m'a poussé encore une fois au sédisvacantisme très récemment.
S'il y a des réels avantages dans le fait de prendre le vrai qu'il peut y avoir, quoique de nature sécondaire, dans une position globalement erronée, alors, revenir aux vraies bases théoriques n'est pas mal non plus.
Hans-Georg Lundahl
Bibl. Château d'Eau
Mardi de Pâcques 2012
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