Ludo Milis, Les moines et le peuple dans l'Europe au Moyen Âge, Belin, coll. Europe & Histoire, p. 62, je cite:
... siècle d'ailleurs plus rude que certaines siècles à la suite, est-ce pour ça que le IXe siècle se trouve fois après fois évoqué dans des livres récentes de recherche historique? Comme Venise qui faisait esclavagisme au IXe siècle, comme le Concile de Meaux qui condamnait l'esclavagisme (donc encore existant) au IXe siècle* ...
Au moins ça évite de créer un problème social et d'équilibre physique et mental comme le font pour certains les foyers qui reçoivent beaucoup de monde parce que les gens sont censés fermer leurs portes.
Selon St. Thomas d'Aquin - on est alors déjà XIIIe s., la charité et hospitalité des notables - il cite prêtres et rois - quand il traite la question si tous devraient avoir la même grandeur des possessions, cette charité ne sert pas à resoudre une fois pour tous un problème social, ni à soutenir à elle-même tous les pauvres SDF tout le temps, comme le ferait peut-être un caravansérail, un seul par ville orientale, ou encore les services du n° 115 aujourd'hui: cette hospitalité charitable servait à donner un example.
Son ami St. Louis IX accueillit chaque jeudi douze pauvres qu'il servait à sa propre table, lui-même comme serviteur. Sans doute il aurait pu servir plus que les douze en salariant d'autres comme personnel, ou en dépensant d'avantage de ce qu'il avait normalement pour la justice et les prises de croix en Terre Sainte et les autres dépenses militaires ou encore pour la faste de la vie courtoise. Mais en le faisant il aurait déclenché une révolution contre soi-même, car le but de servir 12 pauvres n'était pas de finir avec la pauvreté - but profondement illusoire, il y aura des riches et des pauvres, des libres et des esclaves (quel que soit leur titre officiel ou même s'ils en manquent) jusque dans les derniers quelques années avant la fin du monde - et son but devait donc rester plus modeste que ça, sur le plan sociale. Il était de donner un example pour que les propriétaires moins notables, les simples hobéraux et roturiers laïcs aussi donnent de l'hospitalité.
On n'a pas cru bien faire aux pauvres en les coinçant dans un seul lieu, ni en salariant quelqu'un uniquement pour s'occuper d'eux ou pour administrer leurs requêtes: et si quelqu'un - fût-ce un roi - avait dépassé ce limite d'ambitions avec les pauvres, il aurait été considéré comme un hérétique. Que le peuple ne donne plus aumône aux pauvres mais paie quelu'un d'autre pour le faire, ça donne quoi? La même somme dépensée (repartie plus équitablement, c'est vrai, entre les imposables) aux pauvres et en plus le salaire de l'administrateur. St. Louis a eu bien raison de ne pas se prendre ni pour un travailleur social, ni pour un volontaire:
Ni Corbie, ni St. Louis ne cherchaient des grandes solutions pour secourir en même temps un grand nombre de pauvres. Et ça ne veut pas dire que les douze typiques étaient les seuls à être secourus, ça veut dire que les autres trouvaient des autres solutions, des autres bienfaiteurs, autant plus modestes, autant plus intimes.
Hans-Georg Lundahl
BpI G. Pompidou
Beaubourg, Paris IV
12/III/a. Gr. 2010
*voir le lien à un article anglophone, Council of Meaux vs. Slave Trade, from a Book I've Been Reading for Some Hours Now, lien abrégé http://o-x.fr/vb5h
**Texte de cette éminente Encyclique, en français, lien abrégé http://o-x.fr/r134
Les infirmeries et les hospices ne servaient pas plus à donner un toit aux SDF - si on permet l'anachronisme du mot. Les statuts de Corbie du IXe siècle ...
... siècle d'ailleurs plus rude que certaines siècles à la suite, est-ce pour ça que le IXe siècle se trouve fois après fois évoqué dans des livres récentes de recherche historique? Comme Venise qui faisait esclavagisme au IXe siècle, comme le Concile de Meaux qui condamnait l'esclavagisme (donc encore existant) au IXe siècle* ...
... Les statuts de Corbie du IXe siècle permettaient que douze hommes dorment dans une maison des pauvres: c'est cerrtes un témoignage authentique de charité, mais cela ne permet pas de resoudre un problème social.
Au moins ça évite de créer un problème social et d'équilibre physique et mental comme le font pour certains les foyers qui reçoivent beaucoup de monde parce que les gens sont censés fermer leurs portes.
Selon St. Thomas d'Aquin - on est alors déjà XIIIe s., la charité et hospitalité des notables - il cite prêtres et rois - quand il traite la question si tous devraient avoir la même grandeur des possessions, cette charité ne sert pas à resoudre une fois pour tous un problème social, ni à soutenir à elle-même tous les pauvres SDF tout le temps, comme le ferait peut-être un caravansérail, un seul par ville orientale, ou encore les services du n° 115 aujourd'hui: cette hospitalité charitable servait à donner un example.
Son ami St. Louis IX accueillit chaque jeudi douze pauvres qu'il servait à sa propre table, lui-même comme serviteur. Sans doute il aurait pu servir plus que les douze en salariant d'autres comme personnel, ou en dépensant d'avantage de ce qu'il avait normalement pour la justice et les prises de croix en Terre Sainte et les autres dépenses militaires ou encore pour la faste de la vie courtoise. Mais en le faisant il aurait déclenché une révolution contre soi-même, car le but de servir 12 pauvres n'était pas de finir avec la pauvreté - but profondement illusoire, il y aura des riches et des pauvres, des libres et des esclaves (quel que soit leur titre officiel ou même s'ils en manquent) jusque dans les derniers quelques années avant la fin du monde - et son but devait donc rester plus modeste que ça, sur le plan sociale. Il était de donner un example pour que les propriétaires moins notables, les simples hobéraux et roturiers laïcs aussi donnent de l'hospitalité.
On n'a pas cru bien faire aux pauvres en les coinçant dans un seul lieu, ni en salariant quelqu'un uniquement pour s'occuper d'eux ou pour administrer leurs requêtes: et si quelqu'un - fût-ce un roi - avait dépassé ce limite d'ambitions avec les pauvres, il aurait été considéré comme un hérétique. Que le peuple ne donne plus aumône aux pauvres mais paie quelu'un d'autre pour le faire, ça donne quoi? La même somme dépensée (repartie plus équitablement, c'est vrai, entre les imposables) aux pauvres et en plus le salaire de l'administrateur. St. Louis a eu bien raison de ne pas se prendre ni pour un travailleur social, ni pour un volontaire:
- La Croix Rouge fut fondé après la battaille de Solferino, car depuis la Révolution Française les armées étaient non plus quelques chevaliers par chque canton avec leurs aides, mais des centaines de milliers en service militaire obligatoire;
- Le Secours Catholique fut fondé en 1947, quand il y avait un très grand nombre à secourir qui revenaient des camps de travail forcé, voir des camps de mort, qu'ils avaient survécu tandis que les autres étaient en train de rebâtir fébrilement la société selon le Plan Marshall;
Non le siècle de St. Louis n'était pas encore le temps de s'engager dans ... - ... l'Armée du Salut, fondée dans un Londres défiguré par un capitalisme industrialiste qui à l'époque poussait le plus grand nombre dans un état pire que l'esclavage d'antan, selon les mots de Pape Léon XIII en Rerum Novarum.**
Ni Corbie, ni St. Louis ne cherchaient des grandes solutions pour secourir en même temps un grand nombre de pauvres. Et ça ne veut pas dire que les douze typiques étaient les seuls à être secourus, ça veut dire que les autres trouvaient des autres solutions, des autres bienfaiteurs, autant plus modestes, autant plus intimes.
Hans-Georg Lundahl
BpI G. Pompidou
Beaubourg, Paris IV
12/III/a. Gr. 2010
*voir le lien à un article anglophone, Council of Meaux vs. Slave Trade, from a Book I've Been Reading for Some Hours Now, lien abrégé http://o-x.fr/vb5h
**Texte de cette éminente Encyclique, en français, lien abrégé http://o-x.fr/r134
4 commentaires:
Cela ne veut pas dire que les hopitaux manquaient: Hôtel-Dieu de Paris, wikipedia.
La courtoisie et bonne alimentation y sont toujours. Ce qu'est donc bien antérieur à la république.
Mais certain époque hôtel Dieu était l'aide médicale de l'état (et de l'évêché, biensûr).
Économiquement ou financièrement l'Hôtel-Dieu dépendait d'abord de par examples les privilèges donnés par les rois, comme celui annoncé dans l'entrée de Louis VII (prédecesseur de St Louis IX, évidemment).
Ce système se voit dégradé dès la Renaissance, je cite l'article de wiki (lien voir plus haut):
Au XVIe siècle, l’Hôtel-Dieu connaît une crise financière, puisqu'il était seulement financé par les aides, subsides ou privilèges. Celle-ci occasionne la création en 1505 d’un Conseil de huit gouverneurs laïcs : les présidents du Parlement, de la Chambre des Comptes, de la Cour des Aides, et le Prévôt des Marchands. L’État intervient progressivement, d’abord par l’intermédiaire du Lieutenant général de police, membre du Bureau de l’Hôtel-Dieu de Paris en 1690, puis par l'intermédiaire de Necker, qui crée au XVIIe siècle les charges d’"Inspecteur général des hôpitaux civils et maison de forces » et de « Commissaire du Roi pour tout ce qui a trait aux hôpitaux ».
À cette période, l’image du pauvre change. Il devient socialement dangereux car marginal. Pour le contrôler, les élites du XVIIe siècle brandissent des arguments moraux et créent des établissements permettant d’enfermer les pauvres. L’hôpital est alors un lieu de réclusion, permettant par la même occasion d’assainir le monde urbain. L’hôpital prend alors le nom de « Hôpital général » ou plus simplement « Hôpital d’enfermement », dont l’Hôtel-Dieu fait partie.
Je me permets de constater: 1. ça constitue une dégradation importante de la charité, 2. et de la liberté des pauvres, ce que dépend 3. d'une dégradation du concepte de la charité chrétienne dès par la Renaissance et par l'esprit néo-payen de l'Humanisme.
Par contraste, l'esprit médiéval était vraiement chrétien:
La pauvreté étant très importante à l’époque, elle devient une occasion de rédemption pour beaucoup de bourgeois et de nobles, qui voient en elle une façon de racheter leurs péchés en leur venant en aide.
Si la pauvreté était plus importante qu'après ou non, je ne sais pas, mais la pauvreté d'autrui est une occasion de rachter ses péchés.
Sans, biensûr s'efforcer à bloquer au pauvre les initiatives qui le rendraient indépendant, car il y aura toujours des pauvres même sans cela.
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