vendredi 28 mai 2010

Avais-je qqc à faire là?

Ce matin, à peu près à sept heures et quelque, une dame m'a demandé:

"Qu'est-ce que vous faites ici?"

"J'ai dormi ici cette nuit"

"Vous n'avez rien à faire ici!"

"Si, je dois plier mon bagage avant de partir."


Elle avait donné le temps exacte, elle me quitta. Posons la question, avais-je qqc à faire là?

Le soir, même endroit, trois voisins de la dame m'avaient laissé dormir là. Pour une nuit, parce qu'il pleuvait. Posons encore une question: pourquoi n'étais-je pas dans un foyer?

La veille, après fermeture de la bibliothèque, j'avais recontré une fille qui portait son bagage. Elle m'avait refusé de rentrer dans son immeuble, vu qu'elle allait assez loin. Puis elle voulut être constructive:

"Pourquoi ne vous mettez-vous pas par là?"

"Parce qu'il y a de la poussière là. J'ai juste le sac de couchage, alors, je ne veux pas le salir."

"Il y a des maisons ..."

"Écoutez: j'étais dans une tente de champs collective sur le pélerinage ce weekend. ..."

"Ah, vous êtes un pélerin alors? Pas un SDF?"

"Je suis un SDF, mais je viens de faire un pélerinage, écoutez un peu: même si j'étais fatigué d'une longue marche, dormir à côté d'autres n'était pas idéal. Mais le faire quand j'ai juste été à Paris, dans les bibliothèques, ça ne se fait pas. Si on a beaucoup marché, si on a bu assez d'alcool, si on a fumé de hachiche, alors si, mais comme ça non."

"Pourquoi?"

"Dans un foyer on côtoie des gens qui ronflent. Avez-vous essayé de dormir à côté de copines qui ronflent?"


On est parti, elle devait repondre à son portable, je lui laissait un slip de papier avec quelques écrits ... elle sait - maintenant vous aussi - pourquoi je prends le risque d'avoir des soucis comme ça le matin.

Par contre, ce soir, je retournerai pas à l'endroit, je prendrais un autre. Et ainsi de suite, tant que ma condition appauvri comme SDF sans ressources financières dure. Car je respecte la propriété dont les usagers de loin prioritaires sont les trois qui m'ont laissé y dormir le soir mais aussi la dame de ce matin.

Hans-Georg Lundahl
Bibl. Universitaire
Créteil (Paris XII)
28/V/2010

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