dimanche 2 mai 2010

Jean Madiran, 10/IV/2010, PRÉSENT N°7070, p. 1 (commentaires)

Dans la plupart des cas, la foi est au contraire un don reçu à la naisssance par le baptême.


Bon, huit jours après, c'est une attente très normale, sauf en peril de mort imminente.

Ces "huit jours" sont une parralèle assez directe à la loi de Moïse, où il s'agissait encore de la circoncision, que le baptême remplace en signe d'alliance et surpasse comme moyen de grace.

Il y a des gens qui ne veulent pas vraiment admettre ça, pour le motif qu'alors, le peuple élu ne serait pas eux. Ils veulent avoir la sécurité que le "kiddush ha-Shem" (la sanctification du Nom), c'est honorer le tétragrammaton, la Torah et la communauté juive, plutôt que le Nom du Père et du Fils et de l'Esprit-Saint, l'Évangile et l'Église Catholique (ou peut-être Orthodoxe).

Pour y arriver, ils s'aveuglent volontairement devant l'histoire de l'Église primitive, notemment le baptême des petits enfants, des deux sexes, au huitième jour, coûtume qui sera (plus tard?) loi canonique. D'où aussi l'allergie contre des locutions comme "la vieille loi" et "la nouvelle loi": le christianisme devait être une philosophie, non pas une loi, une opinion humaine, non pas une révélation divine publique, un mouvement changeant et non pas une tradition. Si ça explique le modernisme à travers la franc-maçonnerie, ça explique également le Protestantisme - et l'Anabaptisme.

Pour moi, je ne suis pas grandi ni dans un contexte purement judaïque ni purement chrétien, et immédiatement très peu dévot, sauf pour ma mère et un bel-oncle. Elle a du attendre assez longtemps avant de me donner une doctrine chrétienne cohérente, j'ai eu la doctrine de Comte à peu près, avec le miraculeux présent en Superman et Marvel Comix pas sans beaucoup de "technoblabla" pour le déguiser comme non-miraculeux. Mais, de la doctrine de Laplace et de Darwin, j'ai été sorti avec la gentillesse de ma mère à celle de l'Évangile. Et non comme supérieure en morale ou spiritualité seulement - à l'age de neuf je n'étais pas tellement doué pour juger ça, sauf vis-à-vis le Communisme de 1917 et de l'après-guerre et la Terreur de 1793, mais surtout comme une connaissance plus exacte puisque plus accessible à la raison, puisque révélé comme divine par miracles qui se sont déroulés devant des temoins.

Il me semble déjà par là hypocrite de vouloir repousser l'age de l'apprentissage de la doctrine chrétienne le plus longtemps possible, tandis que l'apprentissage de pseudo-sciences comme évolution ou héliocentrisme vient au contraire très tôt. Oui, il me semble hypocrite d'admettre des doutes sur la résurrection là où les doutes sur l'héliocentrisme passent pour folie ou fanatisme.

Permettez-moi, cher Jean Madiran, que j'ai découvert à travers Itinéraires il y a une vingtaine d'années, à faire un petit reponse moi-même, plus en détaille, à ce sottisier de l'évêque-type, fait par vos citations:

"Le dialogue désormais l'emporte sur l'orthodoxie, c'est ainsi qu'une Église qui bouge prend la relève d'une Église figée, et que l'on passe d'un christianisme d'habitude à un christianisme de conviction."


C'est précisement en dialoguant que j'ai trouvé l'orthodoxie, mais ceux qui n'en ont pas ont été mes pires memoires d'interlocuteurs de certaines époques. Cet homme, cet ami d'une "mère de maison" d'un internat, qui m'a prêté The Origin of the Species par Charles Darwin, et qui avait le chutzpah envers ma mère de me vouloir rééduquer de mon rejet, et envers moi de le vouloir faire par désapprouvement en me rapprochant des "mörkmän" - "hommes des ténèbres, hommes obscures" par le fait de rejeter cette perle de la "raison humaine" mise en hypostase comme par les révolutionnaires (qui avaient de toute façon la lucidité de voir que la nation qui vénère Ste Jehanne et la Sainte Vierge serait mieux inspirés par une comédienne inthronée que par un commité des encyclopédistes).

Quand au christianisme d'habitude, j'ai eu affaire avec des gens un peu fourbes qui, déployant leur fausse autorité auprès de tiers part, qu'il s'agisse de prêtres ou de filles, ou des gens qui m'auraient donné un travail ou qui me l'auraient conservé, à certaines époques, ou de la situation géographique d'un pays où les catholiques sont en minorité inférieure même aux musulmans m'ont empêché de vivre une vie paroissiale normale.

Je ne crois pas pouvoir exclure qu'on ait abusé des hospitalités pour m'amener sous pouvoirs cabbalistes, dans le but de changer mes convictions. J'ai aussi été reçu dans l'"église orthodoxe" en debut 2007, sans abjurer le catholicisme romain, je suis retourné au catholicisme romain version traditionnelle (ou intégriste) deux ans après. Voir par exemple ma défense de St Robert Bellarmin que je trouvais attaqué par des "orthodoxes".

"Le prêtre n'est plus le patron de la paroisse, il préside simplement une eucharistie qui est un geste de fraternité, en mémoire de l'unique sacrifice déjà accompli une fois pour toutes."


Normalement le curé est autant "patron de la paroisse" que l'évêque de sa diocèse. "Ne faites rien sans l'évêque" disait St Ignace, troisième évêque d'Antioche, après St Pierre et St Éleuthère.

Et la liturgie divine, qu'elle soit en azymes ou en pain levé, de Sts Basile et Jean Chrysostome ou de Sts Gregoire I et Pie V, est le mémorial d'un sacrifice et contient ce qu'elle mémorise, elle n'est donc pas un mémorial vide.

"Il faut amener les chrétiens à devenir des adultes dans la foi plutôt que de se replier sur eux-mêmes, occupés à répéter une doctrine officielle au lieu d'inventer librement leur conviction"


Si j'ai inventé librement moi-même quoi que ce soit, c'est une forme de paix entre Orthodoxie Greque et Romanité Latine qui ne fait aucun appel à la maçonnerie ou au rélativisme. Deux hommes en erreur objectif et non coupable, Photios (avec Cærulaire) et Boniface VIII. Un schisme apparent, où l'église demeure intacte sur les deux côtés. Vatican I (de la côté Latine) et Constantinople V (de la côté Grecque) sont des conciles locales qui se confirment en condamnant rationnalisme et scepticisme, Trente avec Iasi et Jérusalem font le même contre le Protestantisme. Vatican II et Florence, deux conciles locales qui se contredisent et s'invalident sur le dogmatisme feeneyite d'un côté et de l'autre les insinuations de l'universalisme. Ce que laisse ouvert la porte à St Pie X, le Grand Catéchisme comme parti du Catéchisme Romain de 1905: "ceux qui sans leur propre faute sont ignorants de la vérité dans son ensemble et coopèrent fidèlement avec la grace selon les vérités déjà connus ne sont pas dehors de l'église, car bien qu'ils sont dehors de son corps ils appartiennent à son âme" (cité d'après la mémoire). Mais plutôt ce n'est pas ce que j'ai inventé, c'est ce que me reste avec une certaine stabilité après avoir reçu doctrine traditionnelle de deux embouchures différents. Si je me trompe, que Dieu me garde de le faire par orgueil ou par égotisme. Que Dieu me garde, si encore possible de tromper d'autres.

Si je dois abandonner ça, c'est à la côté Latine que m'amènent mes convictions, car là se trouve la vérité historique la plus canonique, la demeure le plus purement la tradition commune en mainte question.

Pie XII n'a pas fait tant de concessions aux darwinistes ou aux malthusiens que les Orthodoxes Néohimérites l'ont assez souvent, ni tant de duretés inutiles envers l'autre côté du schisme de 1053 que les Orthodoxes Paléohimérites (c'était notamment lui qui cessa de nommer Patriarches Latins pour Constantinople, Alexandrie et Antioche, quoique les postes ne furent supprimés qu'avec Jean XXIII ou Paul VI), comme, je viens juste de lire Vladimir Moss l'autre jour sur la Conquête Normande (il s'agit de lecture pour mon opus commencé en honneur de St Anselme, qui fut le IIe archevêque de Cantorbéry après la conquête de 1066). On avait trouvé un Stigand sur le throne de Cantorbéry qui pactait avec Cærulaire, on avait affaire à un peuple qui avait commis un massacre envers les Danois d'Angleterre (les Normands étaient encore très attachés à leurs racines Danoises) et on commence à avoir des doutes sur les saints honorés sur place, ceux dont les miracles les authentifient sont finalement acceptés. De ça Vladimir Moss - a-t-il même pris connaissance du fait que le roi Danois d'Angleterre était lui aussi un Saint, le Saint Canute? - veut voir un "aggiornamento" brutal dans le cadre de la réforme grégorienne, qui pour lui est la fin de l'orthodoxie en Occident.

"Quand les laïcs et les prêtres restent des mineurs dans l'Église, alors l'Église n'est plus crédible. Des "mineurs"? C'est-à-dire être dans cet état d'incapacité de penser et de vivre sans la direction d'autrui. L'Église doit parler d'adulte à adulte. C'est l'exigence incontournable de la modernité."


Que ça me donne envie de ricaner!

La modernité c'est l'expertise qui une fois dicte que les neuf planètes sont les traces d'une grande masse cigaro-morphe tirée du soleil par le passage d'une autre étoile et une autre fois qu'elles sont les condensées des cercles qui sont condensées du plan de gaz qui constitua originellement le système solaire, encore dicte-t-on que le neuvième planète Pluton est désormais dégradé du rang de planète, et que ne dicte-t-on pas sur héliocentrisme, sur darwinisme, sur explications purement matérielles de la pensée et la non-expertise est censée avaler ça comme ... "des mineurs" est bien la phrase?

La modernité c'est aussi l'école obligatoire (comme en Suède, Allemagne, aussi en Soviétique avant la chute du mur), de l'enlèvement des mineurs de leurs parents, de la psychiatrie ... pour les fous, bien-sûr, pour les dépressifs aussi, mais également pour une plus grande quantité d'hommes et femmes dont "le problème psychique" se résume assez bien dans le refus de laisser penser l'expertise (ou "les autorités")pour eux.

"Dans l'Église l'ouverture prend enfin la place de la fermeture. Au lieu de dicter aux gens des mœurs médiévales préfabriquées, il faut s'adapter à leurs comportements actuels."


Est-ce génuine, ce dernier truc? Ce n'est pas un résumé un peu polémique?

Les mœurs médiévales préfabriquées, où exactement est le problème? Les mœurs sont assez souvent préfabriquées, et s'il s'agit des mœurs chrétiennes, elles étaient en place au Moyen Age et sont par définition mœurs médiévales. Je les préfère aux mœurs communistes ou politiquement correctes préfabriquées, et je crois que cette préférence est assez commune parmi les gens qui ont une génuine ouverture et connaissance de l'histoire du Moyen Age.

Hans-Georg Lundahl
BpI G. Pompidou
Beaubourg, Paris
2/V/2010 IV dim. après Pâcques
(et St Athanase tombe sur
ce dimanche cette année)

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