Un vieil homme et son fils sont partis le matin sur un voyage qui durerait jusqu'au soir. Quand il faisait fraîche, le fils monterait à l'âne. A midi, quand il ferait chaud, ça serait le tour du vieux. Alors ils partageraient en temps égale l'usage de l'âne, et le vieux qund le besoin serait plus grand.
Sauf que, à peine partis, ils ont rencontré des hommes qui reprochaient au fils d'user l'âne et de laisser égoistiquement son père marcher à pied. Ils ont changé les places alors.
Deuxième changement de plan, à midi et quelque, le fils est visiblement fatigué, on demande pourquoi le père abuse de son age pour s'emparer de l'âne. Ils rechangent places. C'était déjà mal, cette adaptation, vue que maintenant c'est le père qui aura eu le temps difficile à faire à pied.
Mais pire encore: après quelques heures, on leur dit "Heh, ton père souffre, pourquoi pas partager l'âne si t'es trop égoiste pour marcher!" Ils le font.
Avant la ville d'arrivé, l'âne est très usé. On reproche aux hommes d'accabler la bête qui est en train de crêver. Ils entrent la ville en portant l'âne sur leurs dos, à la grande rigolade des citoyens.
Autre histoire, de la légende héroïque:
Thésée remonte de Trézène aux Athènes. Il est accueilli par Procruste. Celui avait cette coûtume de laisser ses invités s'allonger sur son lit. Ceux qui étaient trop longues avaient ses pieds coupés, ceux qui étaient trop courts étaient étirés. Dans les deux cas, l'invité mourrait et Procruste s'imaginait son héritier. Sauf que Thésée avait la bonne longueur, et qu'il était plus fort que Procruste. Aussi il finit cette coûtume avec la vie du brigand, qui lui-même n'allait pas exactement à son lit.
Aurait-ce une application aujourd'hui? Je crois que oui. On aime pas seulement moraliser, on aime aussi rigoler. Ce n'est pas toujours par hazard et malcompréhension génuine si on continu a harceler un homme, un couple, une famille, et c comme le faisaient les braves conseilleurs des trois voyageurs. On calcule parfois aussi, que ça peut faire rire avant d'en finir. Evidemment les harcèlements tombent parfois sur les mauvais dos pour les rigoleurs, c'est parfois une chose qui emmène en cour de justice. Et évidemment aussi, tous les souffre-douleurs n'arrivent pas non plus à s'en débarasser. Entre ces parties, trop souvent la psychiatrie sert d'intermédiaire, et trop souvent les psychiâtres font avec leurs patient, ce que faisait Procruste avec ses invités. Moins dramatiquement, biensur, qu'en les tuant directement. Souvent, au moins. Une forme particulièrement sournoise de ça est de prétendre que les critères des autres sont un lit de Procruste et que le patient aurait besoin d'eux pour s'en débarasser.
Mais en fait, les critères des autres sont normalement pas directement un lit de Procruste. Dans la fable d'Esope, le peuple a - grosso modo - les mêmes critères que les voyageurs. Seulement, ceux avaient appliqué ces critères d'une façon inattendue par le peuple, et par conséquent incomprise. Mais ils croient que les psychiâtres vont aider les voyageurs a comprendre ce qu'ils pensent qu'ils n'avaient pas compris, et qu'ils avaient en effet très bien compris. Et les psychiâtres aident vraiment quelques-uns - soit de comprendre une chose vraiment incomprise, soit de se faire comprendre par un peuple incompréhensif. Mais parfois ils persécutent le vraiment cynique qu'il faudrait plutôt mettre entre les mains de la justice, et parfois ils persécutent l'innocent. Ou celui qui tâche de récupérer une vie rélativement innocente, après une chute.
S'ils garderaient juste simplement ceux qui avaient besoin d'être retenus, la plupart des psychiâtres et de leur personnel serait au chômage. Et la compagnie des retenus serait beaucoup plus désagréable. Les fois que j'ai vécu ça, une dixième jusqu'une vingtième seulement me paraissait folle. Les autres, n'étant pas fous, devraient pas être retenus. La plupart l'accepte quand même, d'avoir sa vie gâchée de cette façon, vu qu'ils ont peur de s'opposer au pouvoir des psychiâtres. Ou parce qu'ils commencent à partager les critères (ou plutôt certains critères) des psychiâtres.
De toute façon, la psychiâtrie coûte aux imposables, elle fonctionne pour beaucoup de gens comme un Procruste intervenant après qu'ils avaient refusé de se plier sous l'opinion immédiate, refusé d'avoir leur vie gâchée comme le voyage du vieux de son fils et de leur âne. Et elle blesse ses victimespar les neuroleptiques, les barbiturats, les électrochocs, en certains pays par le "suicide assisté" qui n'est pas toujours un suicide, auparavant par les lobotomies. Au lieu de soutenir un Thésée, le peuple salute la psychiâtrie - ce nouveau Procruste - comme solution simpliste à un problème rélationnel délicat. Pour ne pas se rendre compte qu'ils font ce que faisaient les conseilleurs des voyageurs ... ou même pire.
Hans Lundahl
28 Juin N. C. 2008
Veille des SS Apôtres
Pierre et Paul,
Avignon
série: 1 Si vous avez des problèmes avec la psychiatrie ... 2 Interêts financiers dans les faux diagnoses 3 Temps des pervers ... ce n'était pas le moyen âge 4 Procruste et le vieux, son fils et leur âne ...