samedi 17 avril 2010

"Le finlandais" comme "le belge" n'est pas une langue mais deux

En Belgique on serait peut-être amusé, peut-être irrité d'apprendre que quelqu'un considererait le flamand et le wallon comme dialectes du "belge". Et en Finlande, le finnois et le suédois-de-Finlande (par contraste d'avec le suédois-du-royaume, c à d de Suède) ne sont pas dialectes du "finlandais". Par contre, on peut biensur considérer le flamand comme un dialecte belge du néerlandais et le wallon comme le dialecte belge du français.

Côté prononciation, le suédois-de-Finlande est plus clair que le suédois-du-royaume. Même en Suède, longtemps la prononciation de théatre fut plus proche de celle de Finlande. Néanmoins, c'est de Suède que vient ce dialecte de capital. Le suédois de Helsinki et Åbo (Turku en finnois, mais pourquoi désigner une ville suécophone avec son nom finnois?) descend du suédois de Stockholm d'il y a quelque siècles.

Sauf, biensûr, quand il s'agit du suédois dialectale de l'Ouest de Finlande. Là, le suédois de Finlande est apparenté au suédois des Helsingar, autre peuplade suécophone dominante à Norrlandie et Finlande, connu même en Scanie et Danemark (Elsinore de Hamlet=Helsing-ør, "île des Helsingar", Helsing-borg, en Suède, juste en face veut dire "chateau des Helsingar").

Les Helsingar sont venus là-bas chez les Lapons et les Finnois déjà des temps payens, comme les Suéones (Suédois de la region de la capitale) en pays de Åbo avant l'époque des Vikings, déjà au temps du roi Adils (un roi assez méchant avec son neveu ou beau-fils danois, Rolf, un roi qui descendait aussi de Odin et de Yngve-Frey, donc des mages qui avaient prétendu être dieux pour mieux s'installer - au moins c'est l'explication du Chrétien Snorri Sturlason).

Après le Christianisme, les suécophones du pays Åbo (aussi connu comme Finlande-au-sens-propre) commencent à avoir des soucis avec les Tavastes, une tribu fennophone un peu à l'Est, qui fut vaincue par la croisade de Saint Éric. Après les Tavastes, ce sont les Caréliens, vaincus par Birguer-le-Duc (Birger Jarl en suédois). Après, pendant un siècle environ, ce sont les dominicains (Ordo Praedicatorum) qui régissent une république confessionnelle en Finlande, après le tout revient à la couronne suédoise - qui perd Finlande, brèvement aussi parti de Norrlandie, aux Russes, quand le Czar fut l'allié de Napoléon. La Réforme protestante avait ôté les sept sacrements de Finlande, ils reviennent avec le Czar, avec l'Église Orthodoxe.

Avant de regarder l'autre langue, on peut dire que le suédois a trois prononciations reconnus comme correctes. "Kors" - croix - se prononce comme le français "Corse" à Malmö, comme "coche" à Stockholm et comme l'italien "corso" (moins le -o) à Finlande. "Sjö" - lac - se prononce "cheu" en Finlande mais avec un autre son, entre français "ch" et écossais "wh" à Stockholm et à Malmö.

Le finnois n'est donc pas un dialecte suédois. Il est apparenté très prochement à l'Estonien, qui se parle au delà de la baie de St Petersburg, et son dialecte carélien se parle non pas seulement en Finlande, mais aussi en Russie, à l'Est de la frontière. Le Fils de Dieu se dit en suédois "Guds Son" et en finnois "Jumalan Pojka". Orthodoxe ou vrai-croyant se dit (surtout quand il ne s'agit pas de la confession Russe) en suédois "rättrogen" et en finnois "oikeaoppinen" (un chrétien de la confession Russe se dit en suédois "ortodox" et en finnois "orttodoksi" les deux langues utilisent donc le mot grec, ce que donne peu de renseignements sur les langues telles quelles). Terre se dit "jord" (comme français "yourde" à Malmö, ou "youD" avec D épais-rétroflexe à Stockholm, comme l'italien "iurda" moins le -a en Finlande) et pays ou région rurale se dit "land" en suédois ("lanne-d" les trois prononciations), par contre en finnois "maa" signifie terre et pays.

Le finnois n'est pas une langue Indo-Européenne et Germanique, comme le suédois, mais une langue Fenno-Ougrienne, comme le Hongrois. Les exemples déjà donnés suffisent pour, sinon démontrer, au moins crédibiliser que ce n'est pas du tout la même chose.

Hans-Georg Lundahl
Mouffetard/Paris V
17/IV/2010

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